On ne peut pas dire que jâai eu une grossesse facile : contractions, malaises Ă rĂ©pĂ©tition, chutes de tension, col raccourci super tĂŽt, alitement dĂšs mon 4e mois, ajoutĂ©s au confinement puis Ă plusieurs semaines dâhospitalisation pour menace dâaccouchement prĂ©maturĂ©, etc. Bref, un cocktail dĂ©tonnant !

A cause de tout ça, je ne me suis absolument pas Ă©panouie pendant ma grossesse. JâĂ©tais frustrĂ©e, triste, en colĂšre surtout aussi. Jâai clairement eu le sentiment quâon mâavait volĂ© ma grossesse. Je nâai pas pu voir ma famille, jâai Ă©tĂ© enfermĂ©e, diminuĂ©e physiquement, mes proches ne mâont quasiment pas vue enceinte, je nâai pas eu ma gender reveal ou baby shower, ou encore mon shooting photo pour immortaliser cette pĂ©riode que jâattendais depuis mon adolescence alors oui, le sentiment majeur a Ă©tĂ© la colĂšre. Et oui, je sais, ce sont des choses bien futiles comparĂ©es Ă la santĂ©, et surtout, au contexte sanitaire. Mais parfois, les choses futiles et « normales » font du bien. Et dans ce contexte complĂštement fou de pandĂ©mie mondiale, de la normalitĂ© jâen avais bien besoin. Jâen ai voulu au monde entier, jâai enviĂ© toutes les femmes enceintes que je voyais se promener tranquillement, faire les magasins, ou mĂȘme du bricolage pendant que moi, juste prendre une douche me provoquait un malaise, et une simple balade de 10 mins me provoquait dâĂ©normes contractions qui avaient de lourdes consĂ©quences sur mon col.
La conclusion de tout ça, câest que je nâai pas rĂ©ussi Ă crĂ©er de vĂ©ritable lien avec mon bĂ©bĂ©. Jâai beaucoup angoissĂ© Ă ce sujet, Ă me dire quâil ressentait tout, et quâil allait penser que je ne lâaimais pas. CâĂ©tait tout lâinverse mais jâĂ©tais tellement focalisĂ©e sur le fait de devoir rester au lit, sur lâaspect physique, que jâen ai oubliĂ© lâĂ©motionnel. Je me demandais ce que jâallais ressentir Ă lâaccouchement, si jâallais ĂȘtre Ă la hauteur, et surtout, si ce fameux lien allait quand mĂȘme exister.
Puis est arrivĂ© ce mercredi 24 juin…
Hugo est arrivĂ© hyper rapidement, en moins de 7 heures, aprĂšs plus de 5 semaines Ă essayer de le garder au chaud Ă coup de perfusions pour stopper les contractions. Je nâai absolument pas rĂ©alisĂ© quand la sage femme mâa dit « cette fois câest la bonne, on vous monte en salle de naissance ». Quelle panique. Jâai Ă peine eu le temps de rĂ©aliser oĂč jâĂ©tais quâil Ă©tait lĂ …
Et Ă plus de minuit, le voilĂ , si petit, dans cette immense couveuse, entourĂ© de fils, le masque sur le nez, perfusion sur sa petite main, sonde dans la bouche, pansement au pied droit et un autre fil Ă son pied gauche. Et lĂ , jâai compris. Jâai compris lâinquiĂ©tude permanente des mamans. Jâai compris ce sentiment dâimpuissance, ce besoin quâil aille bien avant mĂȘme de savoir si moi jâallais bien. Jâai compris cette sensation de dĂ©chirement quand jâai vu la couveuse partir avec MON bĂ©bĂ©.
Ce mercredi 24 juin, Ă 22h16, jâai attrapĂ© mon fils et je lâai entendu crier de toutes ses forces. Quel soulagement aprĂšs avoir stressĂ© pour la formation de ses poumons, surtout Ă 34 semaines de grossesse ! A peine le temps de le regarder et de lui faire un bisou que jâai entendu le fameux « Madame on lâemmĂšne Ă cĂŽtĂ© ». Puis il a disparu dans les bras de la sage femme, pendant deux heures. Deux longues heures oĂč jâai du attendre que mon chĂ©ri vienne me tenir au courant.

Cette nuit-lĂ , la vie a pris tout son sens, ainsi que la phrase « tu comprendras quand tu seras maman toi aussi », si souvent prononcĂ©e par ma mĂšre quand je rĂąlais de ne pas avoir le droit de sortir ou bien lorsque jâĂ©tais malade. Jâai compris que jâallais dĂ©sormais mâinquiĂ©ter toute ma vie pour ce petit ĂȘtre pour lâinstant si fragile, mais surtout, jâai compris ce que voulait dire « aimer de tout de son ĂȘtre » et sans limite.
Désormais je peux le dire : maman, je te comprends.
Cette Ă©preuve n’a pas Ă©tĂ© facile pour toi et pour d’autres raisons, j’ai vĂ©cu une grossesse assez difficile et un bĂ©bĂ© grand prĂ©maturĂ©. Mais c’est ce qui a aussi créé notre lien fusionnel et chaque jour, je suis heureuse d’ĂȘtre avec mon fils qui a aujourd’hui 7 ans et se porte trĂšs bien. FĂ©licitations pour ton petit Hugo et beaucoup de bonheur đ
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Merci beaucoup pour ton commentaire ! Je suis d’accord, ça créée un lien assez fusionnel avec nos bĂ©bĂ©s !
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Magnifique article đ
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